Marcel Trillat
Marcel Trillat, en tant que journaliste avait fréquenté le Secours catholique, dont, spontanément, on l’aurait pensé si loin. Il avait même accepté de participer, lors des 70 ans du Secours catholique, à la rencontre de l’Amicale à la Cité saint Pierre de Lourdes.
Comment oublier notre première rencontre en 81 ? Marcel venait d’être nommé directeur du service « société » d’Antenne 2. Et le Secours catholique, avec la publication de ses premiers dossiers, dénonçait alors l’augmentation et les changements de visage de la pauvreté. Cela a suffi. « J’ai besoin de vous voir ! » me lança-t-il. Rendez-vous fut pris immédiatement avec celui qui fut militant du Parti communiste et de la CGT, sans jamais se laisser enfermer dans leurs logiques institutionnelles.
Marcel était entré dans les années 60 à la télévision. Premières armes à « Cinq colonnes à la Une » et premières censures ! Rencontrer Marcel c’était toucher du doigt les progrès et les reculs de la liberté d’information au cours des années 1980 et 1990.
Mis sur la touche, il réalisera des films qui ont fait date dans l’histoire du documentaire à caractère social. Notamment durant les périodes où il n’est plus à la télévision. Le monde ouvrier, les licenciements et la précarité seront un thème majeur de ses documentaires dans les années 2000. Déjà en 1970 « Etranges étrangers », montrait sans fard les bidonvilles et taudis d’Aubervilliers et de Saint-Denis, et l’accueil qui était fait aux migrants d’alors.
Les radios libres avant cela, avaient tenu une place à part dans le parcours de Marcel Trillat. Il fut un des principaux journalistes de Radio Lorraine Cœur d’Acier à Longwy. Une radio (pirate) créée par la CGT en 1979 dont il s’émancipera rapidement en ouvrant l’antenne à tous, permettant ainsi un engouement de toute une population vis-à-vis de « sa » radio. Se pencher sur la vie de Marcel Trillat, c’est aussi s’interroger sur la liberté et l’indépendance de l’information, et sur la vocation des médias militants. Ont-ils pour objectif de ne donner voix qu’à leurs idées, ou bien ont-ils une vocation de média d’information « objective » ?
Ce fut alors pour le Secours catholique une porte ouverte exceptionnelle, faite de bienveillance et d’exigence avec l’effet d’entrainement que cela ne manqua pas de provoquer dans les agences de presse, les autres chaines de télévision, radios et les journaux nationaux et régionaux et chez les journalistes, pas seulement de l’information religieuse mais surtout de l’information sociale.
Se trouver invité à participer aux 70 ans du Secours catholique l’a touché. Nous aussi quand nous l’avons entendu rendre hommage à ses parents résistants dans le Vercors durant La guerre de 1939-1945. La résistance jouera un rôle très important dans la construction morale du jeune Marcel.
Marcel nous a quittés le 18 septembre dernier. Il venait d’avoir 80 ans.
Daniel Druesne